Interview de Camille Chalençon, Ostéopathe DO et OA 1490
« Camille, pouvez-vous nous parler de votre parcours professionnel en tant qu’ostéopathe humaine et de ce qui a vous a motivé à rejoindre notre école d’ostéopathie animale ? »
Je suis rentrée dans une école d’ostéopathie du sud de la France en 2010, à 23 ans. À l’époque, le diplôme de mon école s’obtenait en 6 ans. Après l’obtention de mon diplôme en 2016, j’ai ouvert mon cabinet seule et construit ma patientèle. Depuis toujours les animaux et les humains me passionnent, alors il me semblait logique de poursuivre mes études et de devenir également ostéopathe animalier, en plus du versant humain de mon activité. J’ai également eu plusieurs fois des patients me demandant si je pouvais traiter leur compagnon à 4 pattes. Quand mes enfants ont été suffisamment grands, je me suis lancée. Le format que proposait l’OAA me convenait parfaitement pour pouvoir allier vie professionnelle, vie familiale et formation.
« Quels sont les principaux aspects de l’ostéopathie humaine que vous trouvez pertinents ou applicables dans le domaine de l’ostéopathie animale ? »
Tout ou presque est transposable et applicable ! C’est ce qui est fascinant avec l’ostéopathie qui est vraiment synonyme d’adaptation. La prise en charge est différente dans les positionnements bien sûr, mais finalement pas plus différente que lorsque nous travaillons avec un nouveau-né ou bien un joueur de rugby d’1m90 en humain !
Tous les grands concepts et principes de l’ostéopathie restent valables en ostéopathie animale. Seuls les patients changent.
« En quoi consiste votre rôle à l’OAA ? Comment cela complémente-t-il votre pratique en ostéopathie humaine ?»
Au sein de l’OAA, j’ai plusieurs rôles. Je suis assistante lors de différents séminaires où je seconde des enseignants en aidant à la pratique des bons gestes, à répondre à toutes sortes d’interrogations, à rassurer également !
Je suis animatrice avec ma collègue Marianne Gave de la préparation CNOV théorique, qui est un séminaire en ligne de préparation pour l’examen théorique du CNOV. Il s’agit alors de préparer des cours, faire des fiches de révisions, des QCU, répondre à toutes les questions que peuvent se poser les étudiants.
Je suis responsable des P1 (premières années) ; mon rôle est de faire en sorte que tout se passe pour le mieux pour les étudiants, afin qu’ils puissent apprendre dans les meilleures conditions possibles. Je fais en quelque sorte le lien entre les élèves et l’équipe de direction.
Pour finir, je suis également responsable des publications sur les réseaux sociaux. Je suis chargée de relire tout ce qui va être publié sur internet, que ça soit sur le site internet de l’OAA ou sur les différents réseaux sociaux.
C’est complémentaire de ma pratique en cabinet, que ce soit en humain ou en animal, car cela demande sans cesse d’être à jour de ses connaissances, de se remettre en question, de savoir expliquer constamment ce que l’on fait, et pourquoi. Mon travail en tant qu’assistante m’a permis de vraiment redécouvrir certains types de techniques. C’est très riche pour ma pratique en cabinet, certains patients se sont rendu compte de l’évolution que cela a entrainé dans ma prise en charge, et ils en sont très contents. C’est d’ailleurs souvent l’occasion de discussion très intéressante autour de l’ostéopathie en général !
« Quels sont, selon vous, les avantages d’avoir une formation en ostéopathie à la fois sur les humains et sur les animaux ? »
Selon moi, avoir cette double formation est une vraie force. On peut pratiquer notre métier sur tout être vivant, aller vraiment au bout des choses. Je retrouve un vrai parallélisme avec la vision d’Andrew Taylor Still (le fondateur de l’ostéopathie). J’ai l’impression d’avoir progressé dans ma compréhension de cette thérapeutique, mais également d’avoir fait une grande avancée dans celle du vivant !
Un autre avantage nettement plus pragmatique est le fait de pouvoir diversifier sa patientèle. Dans un contexte où la concurrence est de plus en plus forte en ostéopathie humaine, avoir une seconde corde à son arc est toujours appréciable. Cela permet de sortir de son cabinet. Quand on se rend au domicile d’un chien, dans une écurie ou encore dans une exploitation agricole, c’est parfois un réel moment de déconnexion.
« Comment votre expérience en tant qu’ostéopathe humaine influence-t-elle votre approche dans le domaine de l’ostéopathie animale ?»
Avoir de l’expérience dans le domaine humain me permet d’aller à l’essentiel dans ma pratique animalière. Un animal sera toujours moins patient qu’un humain (adulte !). Parfois, il faut travailler vite et bien !
Mon expérience en ostéopathie me permet de ne pas remettre en doute mes sensations, mes tests, mes intuitions. Avec les animaux, nous n’avons pas le droit à l’erreur, il faut être là à 100 % avec eux, et pour eux. Sinon, on risque l’accident.
Mes années d’expérience en ostéopathie humaine m’ont donné cette rigueur et cette capacité de concentration nécessaire pour une bonne pratique, pour être tout de suite au cœur de ma pratique. L’observation est également facilitée car l’œil a l’habitude, même si chez l’animal, on passe de la bipédie à la quadrupédie.
« Quels sont les principaux défis auxquels vous êtes confrontée en travaillant dans le domaine de l’ostéopathie animale, et en tant qu’intervenante à l’OAA ?»
Je dirais que le principal défi que je rencontre dans l’ostéopathie animale, c’est de faire connaître cette pratique. Contrairement à l’ostéopathie humaine, que beaucoup de monde a testé au moins une fois, l’ostéopathie animale est encore assez confidentielle. On observe une nette progression bien sûr, mais malgré tout, beaucoup de patients à qui l’on en parle nous avouent n’y avoir tout simplement jamais pensé.
En tant qu’intervenante à l’OAA, je dirai que le principal défi est vraiment de garder ses connaissances théoriques à jour. Il faut savoir de quoi on parle pour pouvoir en parler correctement, expliquer, guider.
Le fait de devoir chercher d’autres moyens pour arriver à faire comprendre une technique ou une sensation à un élève en difficulté peut également être compliqué, mais c’est très stimulant, c’est une facette qui me plaît beaucoup.
« Quels conseils donneriez-vous aux étudiants qui envisagent de suivre un double cursus en ostéopathie humaine et animale ? »
Le meilleur conseil, une fois que la motivation est là, pour moi est l’organisation. Se préparer au passage du CNOV demande de se libérer du temps de travail régulier pour préparer en amont les séminaires et réviser au fur et à mesure.
Cela vaut tellement le coup ! Avec une bonne organisation et de la volonté, il n’y a aucune raison de ne pas y arriver. Alors si vous êtes attirés par les animaux, par ce contact si particulier avec eux, si vous aimez votre métier d’ostéopathe humain, n’hésitez plus, foncez ! Vous ne le regretterez pas.
Camille Chalençon, Ostéopathe DO et DOA 1490, diplômée de l’OAA en 2023, formatrice pour la Prépa Théorique Online, et référente des premières années au sein de notre formation.